« Laver un affront » ou « son linge sale en famille », « blanchir un suspect » ou de « l'argent sale », « passer un savon », « être lessivé », autant d'expressions de sens abstrait qui trouvent leur origine dans l'acte bien concret du lavage, effectué il y a encore quelques décennies par des ménagères ou des professionnelles sur la rive d'un cours d'eau, dans un lavoir ou dans une blanchisserie. Avant qu'il ne suffise à la femme du XXIe siècle, dans l'intimité de son foyer, de choisir un programme et d'appuyer sur un bouton, combien de souffrances causées par le froid, l'humidité, la chaleur sont supportées dans des boutiques confinées, des édicules ouverts à tous les vents ou des usines à blanchir aux cadences et aux bruits infernaux ! Chansons, fêtes, cancans et bagarres émaillent la vie des blanchisseuses qui tantôt sombrent dans la déchéance physique et morale tantôt connaissent la gloire éphémère de reine du Carnaval ou le statut envié d'impératrice du Tout-Paris. Cet opuscule évoque le souvenir de ces femmes souvent traitées avec légèreté, voire grivoiserie, avant que l'auteur de l'Assommoir ne soit touché par leur humanité et indigné par le sort de ces victimes d'une société injuste.

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