Les différentes étapes

28-L’Hautil-L'École

Localisation : L’Hautil

Historique

Dès l’année 1871, la demande de création d’une école à l’Hautil était vivement souhaitée par les habitants du hameau : les enfants avaient en moyenne 3 kilomètres à faire à pied pour se rendre, soit dans l’école du bourg de Triel, soit à Boisemont. Un certain nombre d’entre eux restait à la maison l’hiver, en raison de la distance ou de leur faible constitution. Mais aux charges considérables qui grevaient le budget de la commune, vinrent s’ajouter celles nées de la guerre et de l’invasion allemande : le projet de création fût ajourné.

Le 3 août 1873, le conseil municipal est d’avis de prendre en sérieuse considération le projet d’établissement d’une école mixte, au hameau de l’Hautil, qui éviterait aux enfants la longue et difficile descente vers l’école située en contrebas, dans les locaux de la mairie. Le projet est approuvé par le ministre mais il devra être financé par la commune, qui est dans l’impossibilité de le faire.

C’est grâce à la généreuse initiative de Mr Henri Cahagne, capitaine de frégate et propriétaire du château d’Ecancourt, que sera construite l’école selon les plans de Mr Pompée, architecte. Il achète, à son nom, le terrain nécessaire à la construction de l’édifice le 1er février 1875 à Mr Alexandre Duval, ancien instituteur de Triel et il finance avec l’aide des souscriptions des Triellois ce projet. Mr Cahagne loue l’établissement à la commune qui ne pourra l’acheter qu’en 1889 à sa fille, Mme Jeanne Marie Marguerite Griset.

Au cours de la cérémonie de la pose de la première pierre, une boîte contenant les noms des donateurs a été scellée dans le mur. L’inauguration de l’école a eu lieu le 11 octobre 1875.

La classe vide a été provisoirement équipée avec des meubles divers, fournis à titre de prêt par les habitants de l’Hautil. Il faudra attendre 3 ans avant qu’elle soit équipée de bancs et de tables neufs.

La commune n’a pas obtenu de subvention du ministère de l’Instruction Publique. Elle doit financer les 800 F de traitement de l’instituteur, l’entretien de l’école et verser 320 F à Mr Cahagne pour sa location.

Le premier instituteur nommé a été Mr Athanase Goulé, installé dans ses fonctions le 11 octobre 1875. Lui succédèrent Mr et Mme Geffroy, Mr et Mme Leriche, Mr et Mme Lebailly, Mr et Mme Hesling,,.

En 1880, l’inventaire du matériel et du mobilier est le suivant : un christ, un poêle, un thermomètre, une horloge, des tables pour tous les élèves, 3 tableaux noirs, un compendium métrique, un tableau mural, des poids et mesures, un globe et une collection de tableaux de lecture appartenant au maître. Mr Goulé, l’instituteur souhaite que son école soit pourvue d’une armoire-bibliothèque, d’un tableau d’histoire naturelle et d’une mappemonde. Les livres mis entre les mains des élèves sont à cette époque :

  • Pour l’instruction religieuse : Le catéchisme du diocèse et l’histoire sainte par Ansart.

  • Pour la lecture : Le Tour de France (Bruno), Les Lectures courantes (Lebrun), La France (Alvarès), L’Histoire de France – récits (Pigeonneau) et Les lectures graduées (Dupont).

En 1883, l’école de l’Hautil compte 74 enfants. Le conseil municipal est invité à délibérer sur le dédoublement de l’école, en séparant la salle de classe en deux avec une cloison. La commune considère qu’elle serait en droit de refuser l’entrée de l’école à tout enfant non Triellois : il ne resterait ainsi que 50 élèves. L’Inspecteur d’Académie « est d’avis qu’il ne faut pas songer à renvoyer de l’école de l’Hautil, les garçons et les filles qui viennent de Jouy, Chanteloup et d’Andrésy. » Par conséquent, en 1884, le préfet invite donc le conseil municipal de Triel à se charger de la dépense nécessaire à la création d’une classe de filles en établissant une cloison séparative.

Le devis de la construction projetée est établi par Mr Lanck, architecte. A la dépense de la cloison seule, il faut ajouter celle d’un bureau, d’un pupitre et d’une estrade pour l’institutrice, ainsi que les honoraires de l’architecte. Deux préaux devront être construits.

En 1906, sous l’impulsion de Mr et Mme Clerc, couple d’instituteurs, l’école est transformée en une école mixte à deux maîtres : la première classe reçoit les élèves les plus âgés des deux sexes, la seconde, ceux des cours enfantin et élémentaire.

Ce nouveau système fonctionne à la satisfaction de la population.

Par lettre circulaire en date du 5 décembre 1905, Mr le Préfet rappelle toute l’importance qu’il y a au point de vue hygiénique à faire exécuter le nettoyage des locaux par une personne adulte et non par les enfants des écoles qui ne prennent pas les précautions suffisantes et risquent d’être contaminés par les poussières chargées de germes de maladie et notamment de la tuberculose.

ID607 01 LHAUTIL Les EcolesSur la proposition de Mr Legrand, le conseil municipal décide le 24 mai 1908, que le balayage des classes sera fait par des personnes adultes et dans la limite d’une dépense de 300f.

Le douze août 1922, M. le Maire donne communication au conseil de la lettre de M. l’Inspecteur d’Académie, l’informant qu’il a pris la décision de transformer les deux écoles spéciales de l’Hautil en une école mixte et ce, à dater du premier octobre prochain, par suppression d’une institutrice, conformément à la circulaire de M. le Ministre de l’Instruction Publique du 30 juin dernier.

En novembre 1926, les habitants de l’Hautil et d’Ecancourt adressent une pétition à la municipalité trielloise : ils demandent un instituteur suppléant. L’école de l’Hautil ne dispose

que de 40 places. Le nombre d’élèves inscrits dépasse la cinquantaine. L’instituteur a dû refuser d’admettre des enfants de moins de 6 ans, comme cela se faisait avant 1923, date à laquelle cette classe a cessé d’être pourvue d’un maître. La population de l’Hautil apprécie le dévouement de Mr Ledoux et demande qu’on lui donne un adjoint.

En 1926, l’école de l’Hautil n’a pour mobilier scolaire que de longues tables de dix élèves chacune. Pour renouveler ce mobilier, il faudrait des tables à deux places, adaptées à chaque tranche d’âge.

Le directeur, Mr Ledoux, dans un courrier adressé à la mairie, fait un descriptif assez impressionnant de l’état de son école :

Liste des travaux à effectuer à l’école de l’Hautil soumise à Monsieur le Maire et à Messieurs les conseillers municipaux de Triel

Bâtiments : Fenêtres des classes et du logement pourries, ne peuvent s’ouvrir. Quelques carreaux sont cassés. Les gonds de quelques portes sont cassés. Les barrières sont pourries ; le grillage de l’école rouillé ; il est tombé par places. Les chiens errants entrent dans la cour de récréation. Les lavabos font totalement défaut et les jeunes enfants ne peuvent prendre aucun soin de propreté. Une installation alimentée par l’eau de pluie pourrait être prévue. Les wc auraient besoin d’être blanchis.

Matériels d’enseignement : un minimum de douze tables nouveau modèle accordées par le CM (délibération de Septembre 1926 mais non livrées) pour la classe enfantine serait nécessaire. Afin d’éviter tout accident, il serait bon que des grilles soient placées autour des poêles. Le matériel d’enseignement fait défaut dans la 2e classe. Je me permets de solliciter de la bienveillance de MM les conseillers municipaux l’acquisition du matériel qui a été livré à l’école maternelle de Triel en Octobre (proportionné au nombre d’élèves). Les ouvrages de bibliothèque doivent être mis à terre faute de place, des rayons ou une bibliothèque pour la 1e classe seraient nécessaires. Quelques fagots et une provision de charbon supplémentaire seraient nécessaires pour finir l’hiver (réouverture de la 2e classe non prévue lors de l’approvisionnement). La femme de service qui effectue le balayage des classes n’a pas sa clef, des vols pourraient être commis les portes restant ouvertes, afin que cette dernière puisse effectuer son travail. Les porte-manteaux manquent. Le compendium métrique est incomplet, il aurait besoin d’être réassorti (voir inventaire laissé par Melle Goujot, institutrice sortante. Les mesures qui restent sont percées et auraient besoin d’être réparées. La vitre de ce meuble est brisée. Les peintures de la 2e classe demandent un lessivage. Une lampe à alcool d’un prix modique et une casserole en fer blanc seraient nécessaires afin d’effectuer des démonstrations scientifiques. La chaise de la maîtresse de la 2e classe est complètement dépaillée, il est impossible de s’asseoir.

Les cartes suivantes manquent :

  1. Seine et Oise par Ferrand-Delagrave 20 fr

  2. Paris et région parisienne industrie, Vidalle Blache Colline d. 15 fr

La liste des autres cartes qui font défaut sera fournie en fin d’année.

Poêles : Les tuyaux d’un trop petit diamètre sont continuellement obstrués par la suie. L’oxyde de carbone se dégage dans les classes ainsi que la fumée.

Danger à la sortie des classes : La route de Beauvais est très fréquentée. Les nombreuses autos qui la sillonnent pourraient être la cause de fâcheux accidents surtout avec les jeunes enfants qui fréquentent l’école ! 2 poteaux avec l’indication « Écoles, attention, ralentir » placés dans chaque sens seraient bien nécessaires.

Clôture du champ d’expériences agricoles scolaires (subvention de 1/3 de la dépense offerte par l’office départemental agricole) _ Achat de quelques outils pour les élèves.

Signé : Ledoux.

Mme Ledoux, institutrice adjointe adresse elle aussi une série de demandes à la mairie :

L’Institutrice adjointe Mme Ledoux à l’Hautil à Monsieur le Maire de Triel.

Triel, ce 8 Janvier 1927.

Monsieur le Maire, Messieurs les conseillers municipaux.

J’ai l’honneur de solliciter de votre bienveillance, l’obtention de matériel d’enseignement pour ma classe ré ouverte par décision ministérielle du 24 décembre. Je tiens la liste des objets nécessaires aux tout petits, à votre disposition (en accord avec ce qui est accordé aux écoles enfantines de Triel).

D’autre part, je me permets de vous demander de vouloir bien faire installer quelques lavabos (alimentés par l’eau des gouttières) à l’école de l’Hautil, mes tout jeunes élèves arrivant souvent en classe dans un état de malpropreté repoussant. Quelques torchons seraient aussi nécessaires. La chaise de mon bureau est complètement défoncée.

Veuillez agréer ….. Signé : Mme Ledoux

L’Instituteur public de Triel l’Hautil, Ledoux, à Monsieur le Maire de Triel.

Monsieur le Maire. Messieurs les conseillers municipaux.

J’ai l’honneur de solliciter de votre bienveillance la clôture du champ municipal scolaire et postscolaire d’enseignement agricole, ainsi que l’achat de quelques outils agricoles indispensables.

Je suis heureux de vous informer que Mr Blanchard, directeur des services agricoles m’a déclaré Jeudi dernier aux cours dirigés par Mr Chauvin en Sorbonne et préparant au brevet agricole, qu’il accorderait une subvention de 1/3 de la dépense, au cas où cette légère dépense serait acceptée par la commune.

Actuellement le bétail entrant très facilement dans le dit champ municipal, les essais sont très difficiles à effectuer, pour ne pas dire impossibles. (vols de produits, plates-bandes piétinées, etc…).

Je connais, Messieurs, tout l’intérêt que vous portez à mon école et au hameau de l’Hautil, aussi, je suis persuadé que vous voudrez bien donner un avis favorable à ma demande.

Le conseil municipal autorise Mr Ledoux à créer des cours d’agriculture pour adultes. A l’Hautil, le cours d’adultes aura pour objet, l’enseignement des « illettrés » ; les conférences et cours agricoles, organisés sous les auspices de l’Inspection académique et la direction des services agricoles de la Préfecture, auront lieu à l'issue du cours d’adultes.

 

En 1930, suite aux visites des commissions scolaires et d’hygiène, qui avaient constaté que 35 enfants déjeunaient dans une classe sur des bancs d’école, le conseil décide de la transformation du préau des filles en salle de cantine, avec l’aide d’un don de Mme Leiris, présidente de « la section de bienfaisance ».

En 1932, Mr Ledoux est autorisé à créer des conférences éducatives, deux soirées par semaine et Mme Ledoux un cours d’enseignement ménager.

La même année, le conseil municipal décide la réfection du parquet de l’école, dont les lattes n’ont pas été renouvelées, depuis la création de l’école et l’installation du chauffage central. Dans une lettre du 25 février 1947, l’Inspecteur d’Académie décide la fermeture de la 2ème classe de l’école mixte de l’Hautil, en raison de la diminution de l’effectif scolaire. Le conseil s’incline devant la mesure envisagée, en objectant toutefois, que dans un avenir assez rapproché, il est à prévoir que le nombre d’habitants sur le plateau de l’Hautil soit considérablement augmenté.

M. l’Inspecteur d’Académie ratifie la suppression du poste d’adjoint.

Le 25 juillet 1953, M. le Maire donne lecture d’une lettre de M. l’Inspecteur d’Académie l’informant que le comité consultatif scolaire avait proposé l’ouverture au 14 septembre 1953, d’une école spéciale de garçons à classe unique (par transformation de l’école mixte de l’Hautil en une classe spéciale de garçons et une classe spéciale de filles).

La commission demande au conseil de donner un avis favorable mais avec application du principe de la gémination, c’est-à-dire :

_ Cours préparatoire et cours élémentaire (garçons et filles).

_ Cours moyen et fin d’études (garçons et filles).

La commission demande également que dans la délibération qui doit être prise par le conseil, il soit prévu, que lors du départ, non envisagé de Mme Puig, le poste de l’Hautil devienne un poste réservé à un couple, ce qui simplifiera le logement des instituteurs ou institutrices.

Dans les années qui suivent, en raison de l’augmentation des effectifs dans les écoles du centre de Triel, la municipalité se concentre sur les projets de réalisation de nouveaux groupes scolaires.

 

Le 23 mai 1996, le Conseil municipal baptise cet établissement « École Célestin Freinet » car ses enseignants emploient cette méthode depuis plusieurs années.

La pédagogie Freinet, du nom de son fondateur, est basée sur l’expression libre des enfants : Texte libre, dessin libre, correspondance inter-scolaire, expression libre par l’imprimerie à l’école, travail de groupe, coopérative scolaire…. C’est une école centrée sur l’enfant.

Cette méthode n’étant plus employée, en accord avec l’Inspection de l’Éducation Nationale, l’ « École de l’Hautil » a retrouvé son nom d’origine le 14 septembre 2006.

Sources

Mairie de Triel-sur-Seine : Registres des délibérations du conseil municipal.

AD 78 : 2O248 3

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