Les différentes étapes

30-L’Hautil-La Mare de l’Hautil

Localisation : L’Hautil

Historique

Voilà une mare qui, pour paisible qu’elle soit, n’en a pas moins eu une vie mouvementée !

A l’origine, abreuvoir pavé servant aux boeufs transhumant du Vexin au marché de Poissy, par le chemin aux Vaches, (aujourd’hui rue des Bois), et la rue Galande. Cette mare appartenait au Domaine Royal, « (Différents) actes de 1517, 1736, 1763, 1764 peuvent venir à l’appui pour prouver de la propriété…aux seigneurs qui en ont concédé à titre d’engagement 120 arpents au Collège de Rouen et 35 aux religieuses de Poissy… »

Au fil du temps, les communes de Vaux et de Triel s’affrontent pour que leur en soit reconnue la propriété. En 1635 déjà, le seigneur de Vaux fut contraint « d’arracher les bornes… par lui établies ». Différents adjudicataires se suivent, tantôt choisis par le maire de Vaux, tantôt par celui de Triel. En 1805, le locataire est Eugène Hébert ; lui succède le sieur Coulon. Lorsqu’en 1818 le maire lui reproche des déprédations, une absence d’empoissonnement et de paiement de son terme et son insolvabilité… Le bail est annulé, au profit d’Antoine Mognol, de Beaumont. Puis, vient un procès entre les familles Caillault et Couberon, celui-ci ayant vendu illégalement la mare au sieur Caillault. Ce n’est pas là une nouveauté « puisque de tout temps, les seigneurs riverains avaient essayé de s’emparer de quelques portions de cette lande, mais ils avaient toujours échoué dans leur tentative grâce à la surveillance de la Maîtrise des Eaux et Forêts ». Finalement, la mare est louée à « Étienne Hommery, cultivateur et pêcheur à Vaux jusqu’au 29 janvier 1829 ».

ID606 01 Mare HautilLa lutte entre les deux communes se réactive par une attestation du maire de Triel, Nicolas Barthélémy Vallery le 6 juillet 1831: « la mare fait partie du territoire de Triel, elle est cadastrée sous le n°156, section A, et elle appartient à l’État ». Ce à quoi le maire de Vaux rétorque: « La mare de l’Hautil a toujours fait partie du territoire de Vaux ». Ce dernier relance le débat le 7 août 1838, il réclame un échange de parcelle. Le préfet tranche en faveur de Triel, la mare est affermée au sieur Bénier.

En 1848, le préfet demande une expertise au géomètre Girard à Versailles qui décrit le site précisément : la mare occupe une superficie de 1 hectare 3 ares, les pâturages l’entourant 56 ares, l’ensemble est estimé à 1449 francs. A la suite de cette estimation, le bail est donné au sieur Droz. La location doit expirer le 1er Août 1857.

La mise en vente est décidée, lors d’une première adjudication le 25 septembre 1855 ; la mise à prix est de 1200 francs. Des erreurs ont été constatées par le service des Domaines sur l’affiche, aussi doit-elle être modifiée. Un procès-verbal d’expertise est dressé à nouveau par le géomètre Girard, le 6 mars 1856 : « l’eau s’écoule par un aqueduc existant depuis un temps immémorial, de 65 mètres de long et de 0,50 m de diamètre. Il passe sous la route départementale n°43 et sous un champ, planté en bois et débouche sur une colline existante sur le versant Est de l’Hautil ». Il précise que «l’aqueduc doit être reconstruit au frais de l’État en bonne maçonnerie et meulière… L’entretien et le curage serait à la charge du propriétaire ». Il rappelle que le chemin qui entoure la mare appartient à l’État ; il avait été élargi à 6 mètres en 1852, ce qui réduisait la contenance en eau de la mare !

Le maire de Triel reçoit délégation du préfet pour organiser l’adjudication fixée au 6 avril 1856 ; celle-ci est attribuée au comte Lepic Louis, Joseph, Napoléon, lieutenant-colonel d’état-major à Paris, au Louvre. Les enchères atteignent 1325 francs. Il revendra la mare à Monsieur Louis Alexandre Hue Des Moulins de la Colombe, le 7 octobre 1877. Deux ans plus tard, il réclame la propriété du chemin entourant la mare et dresse une barrière. Le conseil municipal crée une commission pour étudier le conflit et rejette la demande. En 1900, il est décidé « que la mare serait uniquement destinée à fournir de l’eau potable. Il sera interdit… d’y laver ou d’y faire abreuver les bestiaux… »

En 1918, M. Martin propriétaire, décide de revendre la mare à la municipalité, ce qui est accepté pour la somme de 4000 francs. L’année suivante, le conseil municipal accorde un droit de pêche. Lorsque des travaux sont effectués à l’Hautil en 1925, M. Zacon, membre du conseil municipal, porte l’attention de l’ingénieur des mines sur les risques encourus par la mare du fait de l’exploitation des carrières.

En 1940, la mare est louée à Marcel Guyon, de Chanteloup, à dater du 1er avril, 3 jours plus tard, il en demande la résiliation au motif « de dévastation par les troupes d’occupation ». Elle lui est relouée en 1941 ; elle passe ensuite aux mains de M. Doppfer jusqu’au 1er août 1955, une autre location est accordée jusqu’au 1er août 1964. C’est alors que certains membres du syndicat d’initiative suggèrent qu’elle devienne un lieu de tourisme. Le conseil municipal reconnaît que le locataire du moment « a réalisé des dépenses très importantes d’aménagement de la mare et de ses abords et qu’il serait inamical de ne pas renouveler le bail… » Le conseil municipal sollicite « une clause autorisant le passage du public autour de la mare ».

M. Barbey, marchand de chaussures à Meulan, dont le bail a débuté le 1er août 1973 arrive à échéance le 3 juillet 1982 ; il « en demande le renouvellement pour une durée de 3, 6, 9 ans, compte-tenu des investissements qu’il a réalisés sur la propriété communale », ce qui lui est accordé.

Le 9 novembre 1992, le conseil municipal décide d’attribuer la gestion de la mare à la société de pêche « le Poisson d’Avril » et demande un libre accès aux Triellois. Cette association gère encore aujourd’hui le lieu.

 

Sources : Archives Municipales de Triel-sur-Seine : 1 D 17, 18, 23, 24, 27, 30, 40.

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