Les Mémoires Vives

Souvenirs de Madame Françoise Camut

Mémoires Vives de Françoise Camut, née Le Riboteur, rédigées à Triel-sur-Seine, le 1er février 2016.

Mon grand-père paternel est venu de sa Bretagne natale dans la région, en 1925. Il s’appelait LE RIBOTER. En se mariant, une erreur d’orthographe s’est produite à la mairie, le nom de famille est devenu LE RIBOTEUR.
La maison de mes grands-parents aux Mureaux, ayant été bombardée durant la seconde guerre mondiale, l’état les a relogés à Triel.
Enfant, papa est allé à l’école des garçons, située à droite de la mairie. Il se destinait à être dessinateur industriel lorsque la seconde guerre a été déclarée, coupant court à ses projets et l’obligeant à travailler à la ferme des Grésillons où il avait la responsabilité d’une équipe de 20 femmes.
Pendant la guerre et malgré l’interdiction, il jouait de l’accordéon et participait à l’organisation de bals avec Jean-Claude Canard dans le hangar de la marchande de cycles, Mireille Leroy.

ID477 01 Memoires vives Francoise CamutAvant de connaître papa, maman travaillait chez le Dr Meltz, à Bellême (dans l’Orne). Lorsque le Dr Meltz est venu s’installer à Triel, elle l'a suivi et a travaillé à son service, et ensuite comme employée de maison chez le Docteur De Chirac, s’occupant en partie de ses enfants. Mr Aymé me raconte qu’elle avait assisté le médecin pour la naissance d’un de ses enfants, à son domicile. C’est lors d’une consultation chez le médecin (Dr De Chirac) que papa a fait la connaissance de maman. Papa a quitté la ferme des Grésillons pour devenir chauffeur de car au C.S.O. (Carrières-sous-Poissy) et ensuite, il a travaillé, dans la même entreprise, mais dans les bureaux.
Je suis née impasse du Perray, en 1951. A l’âge de 2 ans, nous sommes venus habiter rue de Sablonville, mes grands-parents occupaient le rez-de-chaussée et nous l’étage. L’usine Grelbin, située derrière chez nous, faisait résonner le bruit fracassant de ses machines. En face, chez le charbonnier, les monticules de coques et de tourteaux noircissaient le paysage et aussi le visage des ouvriers (qu’on appelait les bougnats). Périodiquement, la rue était animée par la venue du vitrier, du rémouleur. Lorsque l’on tuait un lapin, nous revendions la peau à une personne qui passait et qui chantait « peaux de lapins, peaux de lapins ».
Le garde-champêtre faisait ses annonces d’une voix tonitruante, ponctuée d’un roulement de tambour. Chaque jour, un va-et-vient d’agriculteurs reliait les fermes aux champs, aux pas des chevaux de labour et aux roulements des charrues, donnant à papa l’occasion de ramasser du crottin pour faire son fumier. Ensuite, les tracteurs ont pris le relais. Les enfants accompagnaient leurs parents aux champs, souvent pour cueillir les fruits, comme les abricots, cerises, poires, etc....
En allant au catéchisme, je faisais les courses. Je déposais mon panier chez Mme Janin, la crémière, au 190 rue Paul Doumer, chez Mme Descraques, au 228 rue Paul Doumer,... J’ai acheté presque toute la collection de la bibliothèque rose, plus tard, Salut les Copains et des romans photos qui me faisaient rêver. Je pensais rencontrer le prince charmant à Triel, en vain...

ID477 02 Memoires vives Francoise CamutA l’école des filles, rue des Créneaux, ma première institutrice fut Mme Blanchet, ensuite Melles Etoques et Gaillard. Melle Dufour m’a bien aidé en cours du soir. Les petites classes étaient au fond de la cour. Nous regardions les grandes qui montaient dans les classes, au-dessus.
J’ai appris la sténo dactylo chez Roulleaux à Meulan mais un jour, maman qui allait à la pharmacie Paillet me dit :

« Mr Paillet me demande si tu veux bien être sa vendeuse ».

J’étais stupéfaite car je me destinais à un emploi de bureau. J’ai acheté mes blouses blanches. J’ai appris la vente des médicaments, à lire les ordonnances, souvent mal écrites et à me souvenir de beaucoup de noms compliqués. On décollait les vignettes des boîtes pour les mettre sur les feuilles de maladie. Les additions étaient calculées de tête, elles étaient parfois longues. Pour certains médicaments, nous demandions le nom et l’adresse du client que l’on transcrivait sur un registre. Le contact avec les clients me plaisait beaucoup. Je remplissais les flacons d’éther, d’alcool à 90, de dakin, etc. Je supportais mal l’odeur. Je mettais les tisanes en sachet. A la clientèle régulière des Triellois, s’ajoutaient les mariniers qui accostaient et le samedi les parisiens qui possédaient une résidence secondaire.
Je garde un très bon souvenir de mon premier employeur et de sa gentillesse. Il me laissait gérer mon travail. J’y suis restée sept ans.
ID477 03 Memoires vives Francoise CamutA Triel, à cette époque, les distractions, à l’exception du ciné-club de Mr Paillet, du cinéma et de fêtes foraines du 14 juillet, étaient rares. C’est pour cette raison que j’ai quitté mon emploi et le bord de Seine où j’habitais.
Mon frère et ma sœur, entre 1979 et 1985, ont participé à la vie théâtrale de Triel. Ils ont créé leur première comédie musicale au théâtre Octave Mirbeau avec leurs amis : Philippe Prévost, Marie Reine Biget, Marie George Biget, Bernard Zeutzius. Je cite les noms que j’ai le plus souvent entendus. Mon frère dessinait et créait les décors et dessinait et cousait les costumes. A chaque représentation, la salle était comble.

Ma vie professionnelle et privée s’est déroulée à Paris, Rueil Malmaison et Gien (Loiret). En 2012, je suis revenue à mes racines. Cette ville m’est toujours restée familière puisque je venais voir mes parents, régulièrement. C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai retrouvé les copines de l’école primaire, qui ont partagé mon enfance, et nos parents respectifs qui se connaissaient bien.
Je remercie les Triellois qui m’ont réservé un accueil aussi chaleureux.

 

 

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