Philippe MICHAUD : LE CASTELET, la résidence secondaire de nos rêves !
« Année 1947 : un fils et une belle maison de campagne. En effet, c’est ainsi que mon père, Gilbert MICHAUD aurait pu qualifier le millésime ! »
Philippe MICHAUD est né le 23 août 1947 et cette année-là, le meilleur ami de son père, prénommé Robert, remarqua une très belle propriété à vendre, voisine du Chantier Mallard, qui hébergeait son bateau, à Triel-sur-Seine, sachant que son père avait l’intention d’acheter à la campagne une résidence secondaire pour profiter du bon air le dimanche et pendant les vacances d’été !
Paris, c’était parfait pour son activité d’opticien et de commerçant en matériel photographique et cinématographique, mais la jolie banlieue de l’ouest parisien, baignée par les boucles de la Seine, serait parfaite pour accueillir les enfants, sa sœur Françoise, lui-même et les grands-parents. Effectivement, cette villa DALLIER était une occasion à ne pas manquer ! Ainsi fut fait.
Grâce aux recherches menées par notre association « Triel, Mémoire & Histoire » sur les actes notariés, nous avons retrouvé d’intéressants renseignements sur les quelques propriétaires antérieurs de la demeure : Une première vente est réalisée par Monsieur Jacques DALLIER, artiste peintre, le 14 mai 1917, au prix de 45.000 francs, au profit de M. René CUNTZ, la propriété présentement vendue appartenant en propre à M. DALLIER, avec les constructions existantes pour les avoir fait édifier avant son mariage et le terrain de 25 ares 63 comme formant la réunion de trois parcelles qui avaient été acquises par lui aussi avant son mariage.
Une seconde vente a lieu le 18 septembre 1919, M. René CUNTZ vendant à Mademoiselle MATHE, au prix de 50.000 francs. L’expédition du contrat de vente au bureau des Hypothèques mentionne les noms de 46 personnes, toutes Trielloises, dont la famille Corroyer, propriétaire originelle des terrains.
Ensuite, Mademoiselle Mathé, vendait le 9 février 1924 à Mademoiselle Bouvier et M. Rollin.
Dix-huit mois plus tard, le 11 août 1925, Mademoiselle Bouvier revendait la propriété à M. et Madame WEL, au prix de 100.000 francs.
Enfin le 19 novembre 1928, M. WEL vendait à M. Georges MAURER et Madame ce bien, au prix de 150.000 francs. »
Au terme de ces nombreuses transactions, Monsieur et Madame MAURER cédaient leur propriété en 1947 à Gilbert MICHAUD.
La propriété bordait directement la berge de Seine, ici nommée Quai Aristide Briand et bénéficiait d’une vue superbe sur le coteau de Triel. Bâtie en limite Est du terrain de près de deux hectares, elle bénéficiait de différents espaces répondant aux aspirations de tous les membres de la famille : bel espace gravillonné autour de la grosse maison, permettant des courses poursuites entre cousins ou entre voisins, petit bois en limite Sud qui nous semblait tellement sombre et profond, grand potager affecté au grand-père qui y passait ses journées et immense verger qui rassemblait toutes les espèces de fruitiers…Pour nos yeux d’enfants, c’était un jardin extraordinaire, comme le chantait si bien Trenet ! Il y avait aussi une petite maison avec un jardinet, poulailler attenant qui faisait le bonheur d’un couple de gardiens.
« Je me souviens précisément de la présence de mes grands-parents maternels qui habitèrent « le Castelet » pendant de nombreuses années, celles de mon enfance, et qui étaient toujours là pour nous accueillir lors de nos week-end à Triel ; Ce sont eux qui donnaient vie à cette grande maison que mon père avait souhaité être familiale. Après avoir obtenu son diplôme de l’École Nationale d’Optique de Morez, dans le Haut-Jura, il avait créé la boutique Avenue de Wagram qui porte toujours le nom de « Optique MICHAUD ». Entrepreneur de tempérament, il développa également, un peu plus tard, une activité d’import/export à Saint-Ouen pour le matériel photo-ciné qui était dominé à l’époque par les industriels allemands (Zeiss) et Japonais. L’entreprise était toujours à structure très familiale. L’ensemble constituait une petite PME. Mon père travailla jusqu’à 80 ans. Il sépara toujours son temps entre l’entreprise, l’appartement parisien et la maison de campagne, « Le Castelet » où il s’éteignit en février 1993 ».
Cette grande et belle demeure avait été dessinée par l’Architecte Henri LECOEUR, installé à La Frette-Montigny, et construite en 1900 par l’entreprise trielloise GERSAULT, Maçon, d’après les souvenirs d’enfance de M. Jean AIME, tailleur et digne de foi !
Et il portait bien son nom, ce petit castel à l’architecture néo-classique, flanqué de tourelles et décoré d’élégantes lucarnes, harmonieusement construit de briques et de meulières vraisemblablement extraites du massif de l’Hautil voisin. Intérieurement, les volumes des pièces de réception du rez-de-chaussée surélevé – crues de la Seine obligent – étaient impressionnantes, surtout la grande salle de billard inondée de lumière grâce à sa grande verrière mais tellement difficile à chauffer, malgré son imposante cheminée. Le salon et la salle à manger étaient de décoration plus bourgeoise, et de surfaces moins importantes. Mais c’est avec son grand escalier de chêne que la maison exposait sa mystérieuse et réelle beauté, rehaussée du chatoiement des vitraux ornant les ouvertures.
« Pour l’enfant que j’étais, c’était un terrain de jeu fabuleux, qui offrait toutes les opportunités de caches et de découvertes, et qui ressemblait tant à l’univers merveilleux de Wall Disney et de sa Belle au Bois dormant…peut-être l’univers d’Harry Potter avant l’heure ?
Du jardin, j’ai surtout le souvenir du ramassage des feuilles mortes et du bois avec mon père et des balades en Solex qui doit toujours attendre quelque-part qu’un ados le redécouvre ! J’ai moi-même obtenu mon diplôme
d’opticien à Paris et j’ai poursuivi dans la capitale l’activité auprès de mon père, puis en prenant sa succession au moment de sa retraite en 1986 jusqu’en 2012, date où j’ai moi-même cessé le travail. Nous avons donc bien profité des atouts de cette demeure. Aujourd’hui, nous partageons notre temps entre la vie à Paris et les éternelles vacances au « Castelet » qui reste pour moi le refuge efficace pour relativiser les problèmes de la planète et les soubresauts du monde ! Mais, avec le temps qui passe, la maison devient de plus en plus difficile à gérer, le jardin à entretenir et il faudra bien se résoudre, un jour prochain, à la vendre ! »
Ainsi, la famille MICHAUD aura été résidente pendant le plus long laps de temps dans cette belle construction qui, à l’origine, avait été dessinée pour accueillir un vaste atelier d’artiste peintre largement ouvert sur la Seine et le coteau triellois !
Philippe MICHAUD – MÉMOIRE VIVE recueillie le 28 septembre 2023 et finalisée le 23 septembre 2024 par Jean-Pierre HOULLEMARE pour TMH.