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L'Affaire WALL - Quatrième épisode : Un repas entre amis

Un repas entre amis

Dans un restaurant chic de la rive droite : atmosphère feutrée, service compassé, que du beau monde en ce jour de décembre ! Des députés discutaient avec passion, encore échauffés par le récent débat à la Chambre sur l'assurance-chômage dont un des plus fermes opposants avait été M. Pierre Laval, président du Conseil. Les députés radicaux et socialistes, Edouard Herriot et Léon Blum en tête avaient défendu leur projet qui finalement avait été repoussé.

A une autre table, celle qui « est faite pour l'amour de la tête aux pieds », Marlène Dietrich, l'ange bleu, charmait des admirateurs parmi lesquels un jeune acteur prometteur au regard bleu acier : un certain Jean Gabin.

ID127_01-Episode_4-Photo_WallAu milieu de ce parterre du Tout-Paris politico-mondain, une fausse note : une table de quatre hommes au physique avantageux mais aux éclats de voix vulgaires. L'un avait un fort accent américain : Wall, l'autre, Barbat ne parlait que de voitures ; le troisième Izoard, qui aurait fait l'ornement d'un bar de nuit, assis sur un tabouret, une coupe de champagne à la main, se vantait d'avoir des domestiques et de fréquenter l'hôtel Majestic où habitait sa mère. Le dernier, un certain Davin, aux petits yeux enfoncés et au teint cireux, souriait en permanence.

L'américain, après avoir réglé la note, confia une liasse de dollars à Davin pour les changer contre des francs. On se sépara. Wall attendit le retour de son factotum qui accourut, essoufflé avec l'argent et proposa : « Si on allait faire une petite promenade digestive en forêt ; nous pourrions nous diriger vers Bougival et en profiter pour admirer la maison de Mistinguett ! » Wall accepta et gagna l'endroit où Davin avait garé sa voiture.

« Tu as une nouvelle voiture ! s'exclama-t-il.

- Non, c'est celle de ma mère. »

L'américain n'en demanda pas plus : il savait que Davin, amateur de grosses cylindrées, avait autrefois volé la Chrysler de la femme du célèbre boxeur Georges Carpentier, qu'il s'était grisé de vitesse et l'avait abandonnée au bout de cinq jours. Ils prirent la direction du bois de Saint-Cucufa à l'endroit même où le héros de Rimbaud, « le dormeur du val » avait trouvé la mort, abattu par un Prussien en 1870. Funeste présage !

A suivre

 

Françoise D.

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