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Compte rendu de la conférence « Histoire et Mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie »

Compte rendu de la conférence « Histoire et Mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie » présentée par Tramor QUEMENEUR.

Une salle Grelbin bien remplie en ce samedi 1er février 2025 qui affiche un soleil radieux. Près de 100 personnes ont fait le déplacement pour ce premier rendez-vous de l’année, et elles ne l’ont pas regretté !

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Ce sujet d’histoire contemporaine reste suffisamment douloureux dans certains esprits pour mériter une analyse sereine du contexte global de la colonisation dans notre bassin de vie méditerranéen et un traitement mesuré des fondements de la rébellion des « Algériens », de la réalité terrible des affrontements, des deux côtés de la confrontation, d’une part le maintien de l’ordre dans un département devenu français et d’autre part, l’aspiration à l’indépendance d’un peuple attaché à sa terre.

ID360 01 Conference AlgerieC’est le challenge qu’a su relever Tramor QUEMENEUR, historien et auteur de nombreux ouvrages, par ailleurs Secrétaire général de la Commission mixte d’historiens et Triellois de surcroît.

Pendant deux bonnes heures, il a répondu à l’attention de son auditoire en brossant d’abord un tableau complet des grandes étapes de la colonisation, non sans avoir souligné le passé des relations existantes avec l’Empire Ottoman, les frictions nombreuses liées à la piraterie et le peuplement ancien par différentes ethnies, dont notamment les juifs chassés de leurs diverses régions d’implantation.

Un éclairage particulier fut apporté sur le climat d’opposition existant en France lors du début de l’expédition qui constituait l’origine de la colonisation de l’Algérie et précisément de la prise d’Alger. Les grands noms apparaissent : Le Général en chef de Bourmont, le dey d’Alger, signataires de la Convention du 5 juillet 1830, Abd el Kader, chef kabyle de 24 ans qui fédère les tribus contre l’envahisseur mené par le Maréchal Bugeaud, le saint-simonien Ismaÿl Urbain, auteur du premier essai sur « L’Algérie pour les Algériens ».

Adolphe Crémieux, passe en 1870 une série de décrets dont celui de la « naturalisation des israélites indigènes » souvent installés depuis des siècles sur ces terres. Et pendant des décennies, le peuplement de l’Algérie par des Européens attirés par l’aventure ou de meilleures conditions de vie se fera au détriment de l’affirmation des droits des populations « indigènes ». l’appropriation des terres et le clivage des populations va nourrir le nationalisme, défendu par Messali Hadj, marié à une française, qui deviendra la figure emblématique et tutélaire de l’indépendance. La fin du siècle sera le grand moment de découverte de ce beau pays par les jeunes soldats métropolitains qui, comme Fernand Thuret, de Vaux-sur-Seine, ramènera ses souvenirs comme autant de preuves d’un exotisme qui fait rêver : c’est la mode « orientaliste »...

Les Algériens des trois départements vont payer, comme beaucoup d’autres colonisés d’Afrique noire ou d’Asie, un lourd tribu humain au cours de la Seconde ID360 03 Conference AlgerieGuerre mondiale. La Libération de la France est une victoire commune mais la reconnaissance est sélective. Les Algériens vivent mal l’oppression des colonisateurs et une manifestation à Sétif en 1945 va dégénérer et entraîner la mort de 7000 «rebelles» d’après les militaires impliqués et plus de 30.000 d’après les « indigènes » concernés. Comme souvent la vérité est certainement au milieu...Il faudra dix ans pour que les indépendantistes algériens s’organisent et passent à l’action. Le 1er novembre 1954 donne le signal de la révolte, avec son lot d’exactions, d’attentats, de massacres et de torture.

Structurée en deux mouvements, le FLN et le MNA, la guérilla va durer huit longues années, au cours desquelles les « opérations de maintien de l’ordre » menées par le gouvernement français vont mettre à contribution l’armée renforcée par les appelés du contingent qui passeront jusqu’à 30 mois face à un ennemi souvent invisible et prêt à tout pour repousser les « colonisateurs ». C’est la guerre totale : Elle s’étend sur tout le territoire et connaîtra son paroxysme avec la bataille d’Alger et la mise en œuvre du plan Challe.

Évoquer ces évènements dramatiques réveille évidemment des souvenirs douloureux. Il fallait toute la mesure dont fit preuve Tramor QUEMENEUR pour évoquer les plus durs moments de cette guerre civile et le tact nécessaire pour faire valoir les deux points de vue. L’assistance ne s’y trompa pas et remercia chaleureusement l’orateur. Les questions permirent enfin de préciser les conséquences toujours d’actualité de cette page d’histoire croisée et de sa présence dans les programmes scolaires et les médias. Pas de thé à la menthe ce soir-là, mais le pot classique de TMH pendant que le conférencier se prêtait aux dédicaces de deux de ses ouvrages, proposés par notre librairie locale « HISTOIRE DE LIRE ».
JPH.

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